Une histoire de fêtes Sauvoises

De nombreuses fêtes se déroulaient autrefois à La Sauve-Majeure : Fête de la Reine, Fête de la Mutuelle Saint-Gérard, Fêtes de Pâques et de Pentecôte, Fête de la Société de la Jeunesse Sauvoise, Bals d’hiver. Elles rythmaient la vie Sauvoise et donnaient l’occasion aux habitants de se rassembler et de participer à un moment convivial.

Les textes des articles suivants ont été élaborés à partir des souvenirs de Michou Chavansot et d’autres membres de l’association.

Fête de la Reine

Reine Annie Fossat
Presentation de la Reine Annie Fossat

Pour les Fêtes de la Société de la Jeunesse Sauvoise, le temps fort était l’élection de la Reine de l’année. La première Reine, élue en 1954, fut Annie FOSSAT, la dernière fut élue en 1974.

Isabelle LAPLAGNE a rencontré Michou CHAVANSOT (épouse Borteletto), élue reine de l’année 1962.

Voici ses souvenirs sur cette manifestation : « La fête de la Société de la Jeunesse Sauvoise avait lieu en septembre le dimanche avant la fête de la Rosière à Créon. La Reine de l’année était élue en Juillet, à bulletins secrets, ainsi que ses Demoiselles d’Honneur.

Début septembre une quête était faite auprès de la population pour participation aux cadeaux et à la petite enveloppe remis aux trois jeunes filles au moment du couronnement.

Le samedi soir précédant la fête, il y avait un bal, toujours sous la halle, la fête foraine était présente jusqu’au dimanche soir. Le matin du jour de la fête, la Fanfare du Tourne allait chercher la future Reine chez elle, où s’étaient rendues les futures Demoiselles d’Honneur (ou si elle habitait trop loin en un point fixé au préalable) et la conduisait en musique jusqu’à l’estrade qui existait en fond de halle.

Sur cette estrade, le Conseil Municipal se tenait au complet ainsi que le Président de l’Amicale, la Reine et ses Demoiselles d’Honneur. Le Maire couronnait le trio, déposait le manteau royal sur les épaules de la Reine (je fus la première à en choisir un bleu nuit). Le Président remettait les cadeaux et les enveloppes aux jeunes filles.

 

La Reine remerciait la population présente pour sa générosité. Ensuite, M le Maire l’accompagnait déposer une gerbe au monument aux morts. Puis, derrière la Fanfare du Tourne, se dirigeant vers l’église, M le Maire conduisait la Reine, le Président, une Demoiselle d’Honneur et un jeune de l’Amicale, l’autre demoiselle. Le manteau de la Reine était soutenu par deux enfants, pour moi ce fut Jean-Pierre et Anne Marie Merlet. Suivait en cortège la jeunesse qui le souhaitait pour assister à une messe en musique. A la sortie, photo générale sur le parvis. Retour en musique jusqu’à la halle où était offert un vin d’honneur.

L’après-midi, la Fanfare allait chercher le trio chez la Reine et l’accompagnait pour l’ouverture du bal. Le soir, la Fanfare, avec la retraite aux flambeaux, refaisait le même parcours. Arrêt face au pré en dessous de l’Abbaye pour admirer le feu d’artifice puis ouverture du bal. Je ne sais pas jusqu’à quand il en fut ainsi.

Je garde de merveilleux souvenirs de ces moments »

Nous remercions Michou d’avoir fait appel à sa mémoire pour nous faire revivre l’élection de la Reine de l’année. La dernière fête de la Reine s’est déroulée en 1974.

Fêtes de Pâques et de Pentecôte

Elles se déroulaient sur deux jours le dimanche et le lundi avec :

– un bal sous la halle le dimanche après-midi et le soir,

– le lundi matin il y avait d’abord l’escalade du mat de cocagne, puis un apéritif concert à l’ancien garage Vieillefond, suivi d’un bal l’après-midi et le soir sous la halle,

– durant ces deux jours, une fête foraine très fournie se tenait .

– Il y avait aussi des courses à trottinette, en sac et pour Pentecôte, une course cycliste.

mat de cocagne
Escalade du mat de cocagne

Fête de la Mutuelle Saint-Gérard

Fete St Gerard 1900
Procession de la Mutuelle St-Gérard

Elle se déroulait toujours le jour des Rameaux.

Lors de la Messe en musique, on déposait sur la tablette devant l’autel deux grandes corbeilles remplies de petits gâteaux secs qui étaient bénis en même temps que les rameaux.

Après la quête une personne désignée au préalable (je l’ai fait de l’âge de 12 ans à 18 ans) présentait la corbeille à chaque fidèle qui se servait d’un ou deux gâteaux.

Sous la halle, l’après-midi et le soir avait lieu un bal.

Je ne connais pas la date d’arrêt de cette manifestation mais je pense que ça doit coïncider au moment où cette petite mutuelle qui était une filiale du Pavillon de La Mutualité a été absorbée.

Les bals d'hiver dans la salle du Coq-Hardi

La Sauve était une des communes où il y en avait le plus (en concurrence avec St-Germain-du-Puch et St-Quentin-de-Baron).

Ils se déroulaient d’Octobre à fin Février à la cadence de un tous les 15 jours ou 3 semaines suivant ce que faisait la concurrence.

La plupart du temps ils étaient à thème (souvent des fleurs : des violettes, du mimosas, des jonquilles, etc…) dans ces cas là nous empruntions l’âne et la petite carriole de M. Baigneau (*)  pour y déposer nos petits bouquets que l’on distribuait à l’entrée.

De nombreux Sauvois avaient des ânes pour leur travail comme l’illustre la photos de Mr Allard.

Les jeunes se relayaient pour poser des affiches dans tout le canton et pour assumer l’entrée et le vestiaire.

Je crois qu’ensuite ils ont perduré encore un certain temps mais avaient été transférés sous la halle, le plancher de la salle du Coq-hardi n’étant plus fiable et il n’y avait plus de thème.

(*) Il habitait sur la place et il était tout fier d’exposer son attelage.

(**) Merci à Mme Alezine de nous avoir donnée la Photo de son grand-père Mr. Allard.

Mr Allard
Mr.Allard et son âne dans la rue principale (**)

Petites histoires Sauvoises

Parmi ces « petites histoires » de la vie sauvoise, une Assemblée Générale en 1849 ainsi que l’arrivée de l’Ecole Normale d’Instituteurs à La Sauve et un lien vers le site  du Musée national de l’éducation.

Assemblée Générale de la Société Linnéenne à la Sauve en 1849

Le dimanche 13 juin 2021, la Société Linnéenne avait lancé sa 202ème fête linnéenne à Saint-Symphorien. Cette association naturaliste, la plus ancienne de France, créée en 1818, avait pris l’habitude de tenir une assemblée générale annuelle, dite session publique d’été, dans un lieu du département de la Gironde.

Elle vint donc à La Sauve-Majeure un beau jour de juin 1849 y tenir une 32ème session dans un lieu haut en couleur « au milieu des ruines et entouré des fleurs qu’elle venait de cueillir » (1).

Les participants étaient partis d’un point de ralliement Bordeaux-Bastide pour se rendre à Créon en voitures puis au village de La Sauve où l’assemblée allait être accueillie par le directeur du collège, l’abbé Champion. Au vu de la place que tenaient les sciences naturelles dans l’enseignement des instituteurs sous la IIIe république, c’était une évidence qu’elle se tint là, d’autant que des scientifiques de renom étaient membres de la Linnéenne.

Après les solennités d’usage entre les personnalités et l’aubade musicale des élèves du collège, le directeur de la Société Linnéenne, Jean-François Laterrade (*), allait lancer la session en délivrant son discours devant « un auditoire rarement aussi nombreux en pareille circonstance et dans lequel on distinguait plusieurs dames » (1).

Parmi les personnalités marquantes de l’époque comment ne pas retenir le nom d’Auguste Petit-Lafitte (1803-1884), surtout dans ce lieu où l’enseignement tint une place importante. L’année précédente la loi d’octobre 1848 avait permis de créer des écoles régionales d’agriculture qui allaient proposer aux futurs enseignants agricoles un traitement intégralement pris en charge par l’État. Premier professeur départemental d’agriculture nommé en 1838, Petit-Lafitte occupera son poste jusqu’au 2 décembre 1880, soit 42 ans d’affilée ! Après les remerciements d’usages, les convives se dirigèrent vers Créon pour le banquet et, vers 18 h, Charles De Moulins (**) organisa une excursion « dont le principal objet était l’examen des argiles de Sadirac » (1) avant que Laterrade ne rejoigne les excursionnistes. Les membres restants terminèrent la journée vers 22h30.

La 33ème fête linnéenne devait se tenir à Eysines en 1850.

(1) – Actes de la Société Linéenne de Bordeaux, XVI, 1849

Article de Jean-François Larché – Chargé de mission Campus Vert de Bordeaux Sciences Agro.

(*) Jean-François Laterrade (1784-1858), botaniste natif de Bordeaux,  était membre fondateur de la Société Linnéenne, directeur du Jardin botanique de Bordeaux, établi dans le domaine de la Chartreuse de Saint-Bruno, fondateur de la revue « l’Ami des champs », auteur de la fameuse Flore bordelaise de la Gironde parue chez Th. Lafargue en 1846.

(**) Charles Des Moulins (1798-1876) président de la Linnéenne, botaniste et malacologiste (branche de la zoologie consacrée à l’étude des mollusques), Jacques Henri Burguet (1812-1853) directeur du cabinet d’histoire naturelle de la ville de Bordeaux et vice-président de la Société Linnéenne, Alfred le Sénéchal comte de Kercado et bien d’autres.

Discours prononcé à La Sauve le 28 juin 1849 pour la 32ème fête linéenne

Extrait du Discours
Extrait du discours de M.Laterrade -1
Extrait du Discours
Extrait du discours de M.Laterrade -2
Extrait du Discours
Extrait du discours de M.Laterrade -3
Extrait du discours
Extrait du discours de M.Laterrade -4

Arrivée et fonctionnement de l’École Normale à La Sauve

À la fin du 18ème siècle et au début du 19ème, se fait jour la nécessité de répandre l’instruction et d’en assurer un niveau élevé. Pour cela, apparaît l’obligation d’établir des centres de formation d’enseignants, une conception qui prendra forme quand, en juin 1833, paraît un texte de loi qui impose à chaque département d’entretenir une École Normale primaire de garçons.

Dès 1833, en Gironde est créée une première École Normale. Elle fonctionnait à Bordeaux rue de la Trésorerie (rue Albert Barraud de nos jours).

En 1859, il est envisagé de transférer l’École Normale hors Bordeaux.

Les deux raisons principales de ce changement sont :

 

  • Le besoin de posséder de l’espace agraire important pour concrétiser les leçons d’agriculture
  • Le désir d’éloigner les normaliens des lieux de luxe et des habitudes de la ville.

 

Au même moment, une opportunité se présente : le collège religieux de La Sauve est libre. L’ensemble des bâtiments semble tout à fait propice pour recevoir une collectivité telle que l’École Normale.

Dans un premier temps, le Conseil Général va le louer pour une durée de 5 ans puis, dans un second temps, va l’acheter. Une acquisition qui va se révéler coûteuse car l’immeuble âgé a subi les outrages du temps. Aussi, au fil des ans, des dégradations vont se produire de plus en plus souvent, de plus en plus sérieuses et de plus en plus nombreuses.

La Sauve Abbaye Collège
L'Abbaye et le Collège - Léo Drouyn (1851)

Les premières promotions qui s’installent dans l’établissement local sont composées d’une soixantaine de jeunes gens dont les compétences ne sont pas testées. Le recrutement des élèves-maîtres se faisant selon des modalités édictées par la loi Falloux de 1851, c’est-à-dire savoir lire et écrire couramment, pouvoir respecter les règles principales de la grammaire, connaître les bases des quatre opérations et enfin, pouvoir répondre aux questions sur le catéchisme et l’histoire sainte. Les candidatures sont validées par une enquête administrative répondant à trois critères, le postulant devant fournir :

1 – un certificat de bonne conduite signé par le maire de sa commune de résidence,

2 – une attestation précisant qu’il possède de bonnes connaissances en matière religieuse signée par le curé,

3 – un certificat médical de bonne santé signé d’un médecin.

Ces différentes pièces réunies, le dossier passe devant une commission qui accorde ou refuse le droit d’enseigner car, « L’admission ne doit pas résulter d’un examen, encore moins d’un concours.

C’est le caractère du candidat, ce sont ses antécédents, sa conduite ordinaire, son aptitude, en un mot sa vocation qui devront surtout déterminer la préférence en sa faveur ».

À partir de 1866, les choses vont changer. Victor Duruy va rétablir le concours d’admission à l’École Normale qui existait avant les lois Falloux. L’examen deviendra sérieux.

Concernant l’enquête sur les antécédents de vie du postulant, la procédure est conservée mais seul le maire sera habilité à délivrer un certificat de bonne conduite.

Lors de l’arrivée à La Sauve, à la tête de l’École on trouve monsieur Pierre Antoine Simonel, un homme qualifié et compétent car auparavant, durant de nombreuses années, il avait dirigé l’École Normale à Bordeaux.

Monsieur Simonel assumera la fonction de directeur de 1859 à 1874, date de son décès à La Sauve.

Article : Michel Saint Marc, Enseignant à la retraite de L’École Paul-Lapie de Caudéran

École Normale D'Instituteurs à La Sauve - Musée national de l’Éducation

Lorsque nous sommes arrivés à La Sauve dans les années 60, notre voisin ne parlait pas ou peu de l’abbaye. Il parlait davantage de l’Ecole Normale qu’il avait connue avec la présence des élèves instituteurs dans son enfance.

Ce monsieur n’est plus là aujourd’hui pour nous en parler.

Mais nous pouvons trouver des photos de cette époque au Musée national de l’Education à Rouen.

Vous pouvez les visualiser depuis leur site.

Une fois sur le site, cliquer sur « Recherche avancée »,
Dans la liste déroulante « Choix critère 1 », sélectionner  « Nom de la commune »,
Saisir dans la zone texte : La Sauve,
Cliquer sur « Rechercher ».

Article de Bernard Martineau

 
 
Ecole Normale La Sauve 1887-1900
Ecole Normale d'Instituteurs de la Gironde - La promotion 1897-1900